L'écotaxe suspendue, les licenciements continuent.

Publié le par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

L'écotaxe suspendue, les licenciements continuent.

A la suite de la réunion de crise tenue à l'hôtel Matignon, J.M. Ayrault, premier ministre, a annoncé la suspension de l'application de l'écotaxe au niveau national.

C'est un report de plus pour cette taxe, votée en 2009, sous la présidence de N. Sarkozy suite au Grenelle de l'Environnement animé par J.L. Borloo. Elle concerne tous les poids lourds de plus de 3,5 tonnes circulant en France sur des routes non payantes.

Sous le quinquennat précédent, une société privée, Ecomouv, a été missionnée par trois anciens ministres du gouvernement Fillon, en 2011, pour mettre en place les infrastructures et les gérer, avec un filet de sécurité de 800 millions à son profit en cas d'annulation de cette taxe.

Mais que font encore dans ce gouvernement les écologistes ?

Les patrons de l'industrie agro-alimentaire peuvent se frotter les mains : ils licencient et ils échappent à l'écotaxe.Doux et Cecab ce sont plusieurs milliers de salariéEs des abattoirs licenciEs, ces dernières semaines.

Selon José Bové, député européen, le lobby porcin a envoyé, en 2012, 750 000 bêtes pour être abattus en Allemagne, à moindre coût, privant ainsi les salariéEs de plusieurs semaines de travail.

Le Medef en Bretagne, la FNSEA ne défendent pas les salariéEs mais leurs intérêts et leurs profits. La suspension de l'écotaxe ne supprime pas les licenciements en cours ou ceux à venir comme chez Marine Harvest.

La fiscalité écologique est caricaturée.

Pour la Gauche anticapitaliste, membre du Front de gauche, ce n'est pas en faisant cause commune avec les patrons que les salariéEs pourront lutter contre les licenciements.
Il faut au contraire construire des mobilisations unitaires, regroupant actifs et privés d'emploi, syndiqués et non-syndiqués pour s'opposer aux licenciements.

L'ensemble des droits sociaux, y compris le salaire, doit être maintenu pour tous les salariéEs licenciéEs.

Le ferroutage et la relocalisation des opérations liées aux activités agro-alimentaires sont des solutions pour faire face à la crise qui secoue les départements bretons.

Communiqué de la GA - Le 29 octobre 2013.

L'écotaxe suspendue, les licenciements continuent.

Ecotaxe : l'Etat devra payer le prestataire pour rien

Après avoir décidé de suspendre l'écotaxe, le gouvernement prend le risque d'un coûteux contentieux avec l'entreprise Ecomouv', chargée de sa mise en place. Elle affirme avoir déjà investi 650 millions d'euros, notamment pour installer 180 portiques au dessus des routes. Elle devait percevoir une partie de la recette de la taxe. L'Etat devrait donc la payer quand même à partir du 1er janvier. Par ailleurs, ce report remet en cause les financements d'infrastructures de transports qui devaient bénéficier de l'écotaxe.

L'écotaxe suspendue, une chose est sûr, elle ne rapportera rien à l'Etat, à partir du 1er janvier. Mais elle va tout de même coûter cher. Car l'Etat est lié à la société Ecomouv' par un contrat, signé en octobre 2011 par les ministres de l'époque, Nathalie Koscuisko-Morizet pour l'Ecologie, Valérie Pécresse pour le Budget et François Baroin pour l'Economie. Dénoncer ce contrat équivaudrait à devoir payer 800 millions d'euros de pénalités. Pas question d'en arriver là, jurent les ministres en place.

50 millions d'euros par trimestre pour rien

La solution retenue pour le moment est donc de faire "comme si", du moins en partie. Ecomouv' ayant investi 650 millions d'euros dans la mise en place de cette taxe - installation de 180 portiques, création d'outils informatiques, recrutement de salariés - l'entreprise sera donc bel et bien payée pour le service qu'elle n'effectuera pas. Elle touchera 50 millions d'euros par trimestre. Elle en aurait perçu 70 si l'écotaxe était entrée en vigueur. Mais ils auraient été pris dans la poche des transporteurs routiers. Les 50 millions le seront dans celle du contribuable.

A cette somme risque de s'ajouter un manque à gagner, chiffré autour du milliard d'euros. L'écotaxe devait en effet abonder une agence chargée d'orchestrer la construction des grandes infrastructures de transports, l'AFITF, pour Agence de financement des infrastructures de transport de France. Dès lors, quid de ce finacement ? Le gouvernement vient de donner son feu vert à certains projets, comme le TGV du grand Sud-Ouest. Le contribuable va-t-il, là encore, être appelé à la rescousse ?

Ecomouv espérait des versements d'argent à compter du 1er janvier prochain.

Marges de manoeuvre réduites

Les réponses à ces questions sont d'autant moins claires que l'avenir même de l'écotaxe est dans les limbes. Officiellement, il n'est question que d'une suspension de quelques mois pour trouver de nouveaux aménagements. Sauf que les marges du gouvernement sont très étroites. L'écotaxe a déjà été aménagée : ristourne de 50% à la Bretagne, de 30% aux régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. Les seules pistes évoquées portent sur une éventuelle exemption pour le transport de carcasses et de bétail ou de matières agricoles sur des trajets de moins de 50 kilomètres. Autant dire que l'Etat arrive avec des propositions plutôt minces. Et encore sont-elles incertaines car elles risquent de se faire retoquer pour distorsion de concurrence ou inconstitutionnalité. Contrairement à l'espoir du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, la suspension de l'écotaxe risque de ne pas "débloquer la situation".

Franceinfo.fr - Par Grégoire Lecalot, Célia Quilleret - Le 29 oct 2013

L'écotaxe suspendue, les licenciements continuent.

Ecotaxe : les étonnantes alliances de la fronde bretonne

Une étonnante alliance entre agriculteurs, patrons et syndicalistes. La composition du mouvement anti-écotaxe breton est inédite : il regroupe la grande distribution et la FNSEA, premier syndicat agricole, lesquels se sont longtemps fait la guerre en Bretagne. « L'alliance n'est pas naturelle », convient Hervé Le Goff, directeur d'un Super U à Brest, qui a fermé une heure son enseigne, mercredi 23 octobre, en solidarité avec le mouvement. « Mais devant l'injustice, les Bretons sont tous d'accord, assure-t-il. La distribution n'a pas été “clean” tout le temps, mais les relations se sont beaucoup améliorées depuis les années 1990. »

M. Le Goff n'est toutefois pas allé jusqu'à affronter les CRS sur la quatre-voies au sud de Brest samedi, avec les agriculteurs et les transporteurs, fers de lance du mouvement dans le Finistère, département à la pointe de la mobilisation bretonne. Roger Capitaine, le patron de la coopérative Savéol, lui, y était. « Le mariage est aussi étonnant que l'absurdité de cette taxe. Les agriculteurs vont la payer comme les grands distributeurs », plaide celui qui a réuni tous ses salariés la semaine dernière pour les appeler à manifester.

« L'écotaxe a permis de catalyser la rancœur des besogneux qui travaillent tous les jours », explique M. Capitaine, qui était déjà le 4 février 2009 au péage de La Gravelle, en Mayenne. Devant le dernier péage avant les autoroutes gratuites bretonnes, plus de mille patrons bretons appelaient alors à la suppression de « la taxe Borloo », du nom du ministre de l'écologie de Nicolas Sarkozy.

Elle devait alors voir le jour en 2011. Elle n'est pourtant toujours pas en place. Pendant cette période, le « collectif des acteurs économiques bretons contre l'écotaxe » ne va cesser de pilonner la mesure. Présidé par le patron du Medef Bretagne, Patrick Caré, par ailleurs dirigeant d'une usine pharmaceutique à Rennes, ce collectif informel regroupe la FNSEA comme les principales fédérations patronales. Il s'organise par des réunions téléphoniques au coup par coup. Le président de la FNSEA de Bretagne, Thierry Coué, assure, gêné, que « la grande distribution n'en fait pas partie », alors que les Systèmes U et Leclerc sont signataires de tous ses communiqués.

Reste qu'en avril, le collectif proclamait « la victoire ». Le vote par l'Assemblée d'une minoration de l'écotaxe de 50 % pour la Bretagne « constitue un aménagement majeur, significatif », assurait alors le collectif, dans un communiqué toujours en ligne sur le site du Medef breton.

L'unité du collectif va pourtant vite craqueler. « Je n'étais pas d'accord pour dire que c'était une victoire », assure Jakez Bernard, producteur de musique et président de Produit en Bretagne, une association qui dit regrouper 300 entreprises bretonnes de l'agroalimentaire et de la grande distribution. Le 18 juin, il lance son propre collectif, le « comité de convergence des intérêts bretons » pour demander la suppression de l'écotaxe, mais aussi dénoncer « le carcan administratif français » et le « poids écrasant des charges ».

« Le contexte économique a changé. Caré n'était pas sur la même longueur d'onde, mais c'est le résultat qui compte », explique M. Bernard. L'idée de joindre les supermarchés locaux au mouvement en prévoyant des fermetures symboliques de quelques heures vient de cette association.

« ON CRÈVE EN BRETAGNE »

La multiplication des plans sociaux depuis l'été, et en premier lieu l'annonce de la fermeture de l'abattoir Gad de Lampaul (Finistère), va donner une véritable légitimité économique au mouvement. Les syndicalistes de FO, majoritaires sur le site, vont même se joindre au mouvement. « Au lieu d'apporter des solutions, le gouvernement nous impose une taxe pour nous étrangler. J'ai dit à mes patrons que je leur taperai dessus quand il faudra. Mais aujourd'hui, la priorité est de sauver ces sites industriels », explique Nadine Hourmant, déléguée FO chez Doux et leader syndical local, pour justifier sa mobilisation aux côtés des agriculteurs locaux qui possèdent Gad, au travers de la coopérative Cecab.

Mme Hourmant, qui dénonce pêle-mêle Ecomouv – l'entreprise « même pas française » –, chargée de déployer les portiques pour récolter la taxe, ou « les hauts commissaires de Bruxelles qu'il ne faut pas froisser alors qu'on crève en Bretagne », s'est même affichée lundi 28 octobre dans un troisième groupe, le « collectif pour l'emploi en Bretagne », mené par le maire de Carhaix (Finistère), issu de la gauche régionaliste, Christian Troadec. Ce collectif organise une nouvelle manifestation, le 2 novembre, à Quimper. Y appartient aussi Thierry Merret, le président de la FNSEA du Finistère. Une figure locale jusqu'au-boutiste, à l'initiative de l'idée des bonnets rouges, symbole de la lutte bretonne contre la fiscalité sous Louis XIV.

De quoi faire étrangler Jean Cabaret, le porte-parole de la Confédération paysanne bretonne. « Quand on voit des responsables du Medef porter un bonnet rouge, il y en a qui doivent se retourner dans leur tombe. Ils ont profité de la situation chez Gad pour faire exploser la machine », lâche-t-il. Pourtant, lui aussi est gêné par l'ampleur du mouvement, n'osant pas soutenir ouvertement l'écotaxe.

Son antenne finistérienne envisage par ailleurs de participer à la manifestation du 2 novembre. « Mais seulement pour défendre l'emploi, assure son porte-parole, Vincent Pennober. S'il y a des tracteurs pour défoncer les murs, on n'ira pas, on n'est pas là pour casser. » « Hors de question d'aller sur la barricade avec la FNSEA pour gueuler contre les taxes », abonde Patrick Jagaille, représentant de la CFDT du Finistère, qui dénonce « l'alliance de la carpe et du lapin entre le syndicat majoritaire chez Gad et les responsables de la crise, à savoir les agriculteurs productivistes qui n'ont jamais réfléchi à l'avenir de l'économie bretonne ».

LeMonde.fr - Jean-Baptiste Chastand - Le 30 oct 2013

L'écotaxe suspendue, les licenciements continuent.

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C
Si je peux me permettre de vous envoyer mon avis .. Bravo pour la résistance bretonne .. mais aller plus loin pour moi en termes écologiques ce serait supprimer l'abattage industriel et l'élevage industriel de la viande de boucherie dont nous ne devrions avoir qu'un usage modéré.; Car les films sur l'élevage et l'abattage industriels témoignent de la barbarie de ces pratiques et de la dureté des conditions de travail .. quand au coût en transport et en empreinte écologique c'est énorme .. Donc aussi bizarre que cela puisse paraître .; je suis bien contente que ce type d'industrie alimentaire perde de l'importance .. quoique s'installant ailleurs .. Je crois que c'est le fond du problème pour moi .. Les employés de cette industrie peut-être peuvent récupérer le lieu et fonder une coopérative agricole .. Je ne sais pas trop ..
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