Démission du gouvernement : le débat interdit

Publié le par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

Démission du gouvernement : le débat interdit

Le remaniement traduit la crispation de l’exécutif face aux écarts pourtant relatifs de Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, pas une prise de conscience de l’impasse des politiques menées, dans laquelle François Hollande et Manuel Valls continuent de s’enferrer.

Les résultats politiques du gouvernement de François Hollande ont été doublement désastreux aux municipales puis aux européennes. Les résultats économiques le sont tout autant. L’annonce, début avril, par François Hollande d’un retournement économique (vers la croissance) a montré la profondeur de son incompétence et les limites de la méthode Coué. La France est dans un marasme durable, qui l’enfonce dans le chômage de masse, les déficits publics et la crise de la protection sociale.

Une seule politique

Le débat aurait donc dû être ouvert sur les politiques alternatives. Comme l’a dit si justement un certain François Hollande, le 22 janvier 2012, « Il n’y a jamais, je dis bien jamais, une seule politique possible, quelle que soit la gravité de la situation. L’histoire n’est pas l’addition de fatalités successives, elle nous enseigne qu’il y a toujours plusieurs chemins. » Ce débat a été clos avant d’avoir existé. « Il est hors de question de changer de politique », ont tranché en août le président et son premier ministre ; Manuel Valls, traitant au passage d’irresponsables les "frondeurs" socialistes. Il n’est donc pas surprenant que François Hollande ait demandé à Manuel Valls de former un nouveau gouvernement au lendemain de discours des ministres Arnaud Montebourg et Benoît Hamon qui ont réclamé une inflexion de la politique économique.

Jusqu’à quel point et à quelle vitesse les recompositions et les clarifications politiques vont-elles s’effectuer ? François Hollande et Manuel Valls réussiront-ils à éviter que le resserrement du gouvernement ne traduise en fait que l’étroitesse de ses soutiens politiques et la totale absence de soutien populaire ? Réussiront-ils à décrocher la participation d’écologistes au gouvernement ? Arriveront-il à soumettre durablement au silence les frondeurs socialistes par le menace d’une dissolution du parlement ? Les oppositions de gauche arriveront-elles à prendre les initiatives nécessaires pour porter la possibilité d’une politique alternative ? Face à la crise très générale des partis politiques, la société arrivera-t-elle à faire mouvement par elle-même ?

Démission du gouvernement : le débat interdit
Une réaction de faiblesse

À ce stade, il est évidemment trop tôt pour répondre. On peut seulement observer que la réaction de François Hollande et de Manuel Valls est une réaction de faiblesse. Car enfin ce qu’a demandé Arnaud Montebourg n’est pas un véritable changement de la politique du gouvernement, mais une simple inflexion. Il ne réclame pas qu’on modifie le Pacte de responsabilité ou qu’on en sorte ; il ne demande pas qu’on s’attaque enfin aux véritables rentes qui minent le pays et il s’apprêtait même, tout feu tout flamme, à concentrer le tir sur celles – réelles ou supposés – des huissiers de justice des tribunaux de commerce, des notaires, des avocats, des pharmaciens ou des serruriers. Il ne met pas en cause la politique de compétitivité par la baisse des coûts salariaux. Il veut seulement la compenser par quelques milliards de plus de baisse des impôts pour les ménages. Ce qui ne manquerait pas de déboucher sur de nouvelles fragilisations des dépenses publiques et sociales. Bref il s’agit tout au plus de faire « ce qu’a déjà commencé Matteo Renzi en Italie » (interview au Monde du 25 août 2014).

Arnaud Montebourg porte aussi le fer sur la politique de l’Union européenne. Sur le contenu, il ne demande pas autre chose que... Michel Sapin qui, le 14 août, expliquait « pourquoi il faut réorienter les politiques européennes ». Il réclame simplement que cette exigence soit portée avec davantage de force face à Angela Merkel. Si le président prenait lui-même au sérieux le changement de cap européen qu’il affirme vouloir, voilà l’homme de la situation pour être le représentant français à la Commission européenne ! Au lieu de Pierre Moscovici qui, de façon pathétique, n’a de cesse de se faire accepter comme loyal défenseur du « consensus de Bruxelles »

Regards.fr - Par Bernard Marx| 26 août 2014

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