Le retour des privatisations

Publié le par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

Le retour des privatisations

Vente des participations de l’Etat : une absurde stratégie court-termiste

Jean-Marc Ayrault a confirmé que le gouvernement envisageait de réduire la participation de l'Etat dans le capital "d'un certain nombre d'entreprises publiques", pour consacrer ces sommes à l'investissement. C’est accepter de perdre son droit de regard sur certains choix industriels stratégiques, mais aussi sabrer une source de revenu pour l’Etat sur le long terme.

"Nous envisageons que dans un certain nombre d'entreprises publiques où le taux de participation de l'Etat en tant qu'actionnaire est très important, nous puissions dégager une partie pour financer l'investissement, pas pour boucher les trous du budget", a déclaré le Premier ministre dimanche soir au JT de TF1.
Et la vente des bijoux de famille a commencé. Rien que le mois dernier, le ministère de l'Economie a annoncé avoir vendu 3,12% du capital de Safran, soit 13 millions d'actions, ce qui lui a rapporté 448,5 millions d'euros. La vente de titres EADS a déjà rapporté près de 1,2 milliard d'euros à l'Etat français, en avril également.

Une double erreur

Une somme qui peut paraître importante, mais à comparer aux dividendes, « rente », que ces participations apportent à l’Etat s’élève ces dernières années entre 4 et 5 milliards d’euros annuellement (cf. projets de loi de finances). Un revenu que l’Etat ampute à chaque fois qu’il vend ses participations. Un des plus gros contributeurs au budget de l’Etat est GDF-Suez, 1,4 milliards en 2012. Et le gouvernement envisage d’en vendre une partie.
Vision économique à court terme, mais aussi erreur stratégique. Vendre des participations c’est s’enlever du pouvoir de contrôle sur les décisions du groupe. C’est la participation de l’Etat au capital de France Telecom qui a permit d’éviter de brader Dailymotion. C’est aussi ce qui aurait pu lui permettre, avec un peu de volonté politique, d’empêcher la stratégie de délocalisation à tout crin chez Renault…

Le Premier ministre entend utiliser ces sommes pour investir sur 10 ans, dans les domaines du numérique et nouvelles technologies, de la transition énergétique, de la santé et des grandes infrastructures. Le détail du plan sera dévoilé au cours des prochaines semaines. Privatiser pour investir sur l'avenir, c'est bien la preuve que le gouvernement est toujours dans sa logique d'austérité.
Cette annonce, le soir même de la grande marche du 5 mai, est aussi un message politique adressé à la gauche. Le signe que le gouvernement, s’il a entendu, n’a pas l’intention d’écouter.

L'humanité.fr - le 7 mai 2013

Le retour des privatisations

Réduction des participations de l'Etat : quelles entreprises dans le viseur ?

Jean-Marc Ayrault l'a annoncé dimanche soir : l'Etat pourrait réduire sa participation dans certaines entreprises, afin de dégager des fonds pour investir. Le Premier ministre n'a toutefois pas précisé quelles entreprises feraient l'objet de ces réductions de participations, mais a donné quelques pistes sur les secteurs qui pourraient se retrouver dans le collimateur du gouvernement.

Le Premier ministre est resté évasif, dimanche soir sur le plateau du journal de TF1. Jean-Marc Ayrault a affirmé que le gouvernement envisageait de diminuer la participation de l'Etat "dans un certain nombre d'entreprises publiques". Objectif : dégager des fonds "pour financer de l'investissement, pas pour boucher les trous du budget".

Mais le chef du gouvernement n'a nommément cité aucune entreprise. Toutefois, il a disséminé quelques indices au cours de son intervention qui peuvent aiguiller les commentateurs vers certains secteurs qui pourraient se retrouver particulièrement visés. Jean-Marc Ayrault a affirmé qu'il s'agirait d'entreprises "où le taux de participation de l'Etat, en tant qu'actionnaire, est très important", et de "participations non stratégiques".

EDF et France Télécom en première ligne ?

Or, le pool des entreprises dans lesquelles l'Etat est actionnaire se compose en grande partie de domaines dans lesquels les participations publiques sont, justement, stratégiques. L'Etat dispose de participations importantes dans les secteurs de la défense et des transports, ainsi que des infrastructures de transports. On imagine mal, par exemple, le gouvernement se séparer de la SNPE, la Société nationale des poudres et explosifs, qui fabrique des munitions.

En revanche, d'autres entreprises, dans lesquelles l'Etat dispose de participations importantes, semblent moins stratégiques. En première ligne, EDF et France Télécom, détenues respectivement à 84,4% et à 13,45% par l'Etat, qui a, depuis plusieurs années, ouvert progressivement le capital de ces entreprises aux participations privées. Elles constitueraient deux entreprises où le retrait de l'Etat serait parfaitement envisageable, selon l'économiste Elie Cohen, enseignant à Sciences Po.

Des participations plus anecdotiques

On peut également envisager que la Française des Jeux (détenue à 72% par l'Etat) se retrouve dans les entreprises visées. De même que les groupes autoroutiers ATMB et SFTRF, respectivement gestionnaires du tunnel du Mont-Blanc et du Fréjus, et détenus par l'Etat à 67,3% pour le premier et à 99,9% pour le second, pourraient voir la part des actionnaires privés augmenter, quand on sait que d'autres groupes autoroutiers (Sanef, APRR et ASF) ont été totalement cédés en 2006.

Restent d'autres participations, plus anecdotiques – voire insolites, qui pourraient se voir cédées par l'Etat pour dégager des fonds. La Semmaris, par exemple, qui exploite le marché de Rungis, est détenue à hauteur d'un tiers de ses actions par l'Etat. Un autre tiers de l'entreprise a déjà été cédé par l'Etat en 2007, il n'est pas inimaginable que l'opération soit renouvelée. Ou encore, le Casino d'Aix-les-Bains, dont l'Etat est le second actionnaire. En 2008 par exemple, l'Etat s'était séparé de Dagris, une société cotonnière qu'il possédait à près de 65%.

Franceinfo.fr - le 6 mai 2013

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